TRIBUNE : "AUSSI LONGTEMPS QU'IL RESTERA UNE FEMME VICTIME DE VIOLENCES"
112.
112 femmes ont été tuées sous les coups de leur compagnon ou ex-compagnon en
2021.
Terrible, macabre, insupportable chiffre.
Le sujet des violences conjugales n’a jamais été aussi présent dans le débat
public. Les associations sont incontestablement actives, les professionnels de la
prévention et de l’accompagnement, de la police et de la justice sont mobilisés
et les médias sont prompts à relayer, à dénoncer les crimes qui détruisent des
familles entières.
Le sujet des violences conjugales n’a jamais été aussi présent dans le débat public,
et pourtant cela n’est pas suffisant, cela est loin, très loin d‘être suffisant. Il faudra
agir beaucoup plus fort pour secourir toutes les victimes au sein de la famille, les
femmes en premier lieu, les hommes qui font aussi l’objet de violences et bien
entendu les enfants qui sont meurtris physiquement et psychologiquement dans
ces contextes de violences conjugales. Et tant qu’il restera une femme, une seule
victime de violences conjugales, il faudra agir pour qu’elle soit la dernière. Pour
l’idée que nous nous faisons de la France, nous ne voulons plus nous contenter
des mots et des indignations faciles.
La dernière femme victime de violences nous aura à ses côtés.
Car de longue date, notre famille politique a été aux côtés des plus vulnérables
comme de celles et ceux qui avaient besoin que les choses changent. Nous avons
toujours su rassembler pour défendre des grandes causes et porter des avancées
majeures, telles que l’accès à la loi Veil ou la loi sur l’ordonnance de
protection. Depuis quatre-vingts ans nous avons oeuvré pour la liberté et les droits
des femmes et pour une certaine idée de la France. À nous, engagés pour bâtir
l’avenir de notre Nation, de poursuivre ce combat !
Voilà deux ans, nous portions et faisions adopter, à l’unanimité de l’Assemblée
nationale et du Sénat, une loi majeure visant à agir concrètement contre les
violences au sein de la famille. Cette loi, saluée par tous au-delà des clivages
partisans, a marqué un réel progrès, qu’il s’agisse de la délivrance de
l’ordonnance de protection dans un délai de 6 jours contre plus de 30 jusque-là,
du retrait du port d’arme, de la question du logement réservé à la victime ou de la
généralisation du bracelet anti-rapprochement. Par cette loi et ses mesures, nous
sommes passés des paroles aux actes. Nous avons fait ce qui devait être fait.
Et parce que le drame de trop nombreuses lois de la République est de n’être suivi
d’aucun effet réel, dès le lendemain du vote de la loi nous avons vérifié son
application sur le terrain. Assurer à nos concitoyens qu’une loi votée est une loi
appliquée est au cœur de notre conception de la Politique. C’est dans cet esprit
que cette semaine encore, à l’Assemblée nationale, nous avons choisi de placer le
gouvernement face à ses propres carences. Ce débat de contrôle de l’action du
gouvernement donnera l’occasion de vérifier la mise en œuvre de la loi et les
budgets alloués pour chacune des mesures qu’elle contient. Sur chaque mesure
prévue par la loi nous constatons, comme de nombreuses associations le
dénoncent déjà, que les moyens ne sont pas au rendez-vous. La communication
politique est forte, mais l’action politique actuelle est faible.
Nous savons qu’en matière de lutte contre les violences conjugales, il faut franchir
une nouvelle étape, autrement plus puissante que les ajustements des mois et des
années passés. Les avancées législatives et les efforts de tous les acteurs mobilisés
ne seront féconds que le jour où il existera une justice qui dispose des moyens
nécessaires pour prévenir et lutter efficacement contre ces violences. La caisse à
outils est pleine. Mais les praticiens ne sont pas au rendez-vous.
Avec la confiance des Français en avril et en juin prochains, nous nous engageons
donc à franchir cette étape déterminante et nouvelle : un de nos premiers textes
portera la création d’une Juridiction spécialisée, entièrement consacrée au
traitement des violences au sein de la famille. Comme ce fut le cas en 1945,
lorsque notre pays a établi le Juge des Enfants, nous établirons une juridiction
présente sur tout le territoire, associant la compétence civile et pénale, capable de
décider vite et d’installer une justice dédiée à ce fléau. Il s’agit d’une avancée
majeure qui sera permise par l’engagement d’accroître de 50% en 5 ans le budget
des tribunaux.
Il est temps de bousculer nos institutions comme d’autres pays d’Europe,
l’Espagne notamment. Les juges des violences au sein des familles permettront
par leurs pouvoirs spécialisés et leur expérience de mieux respecter le délai de 6
jours que la loi prescrit pour rendre les ordonnances de protection. Ils permettront,
c’est notre engagement, de réduire le délai moyen en dessous de 6 jours et de viser
24 heures pour les plus grandes urgences Ils auront également pour mission
d’organiser l’accompagnement social des victimes, et en particulier de prendre les
dispositions juridiques pour que les femmes puissent dans toute la mesure du
possible continuer d’habiter dans le logement familial ou, à défaut, être accueillies
dans des hébergements d’urgence dont il faudra accroître le nombre. Il faut aussi
s’engager dans un véritable soutien à nos forces de sécurité - police et
gendarmerie- pour mieux les former à l’accueil et au suivi des femmes victimes
de violence.
Tant qu’il restera une femme, une seule et dernière femme victime de violences
conjugales en France, elle nous aura à ses côtés. Nous ferons de cette lutte capitale
pour notre société et les valeurs auxquelles nous croyons, la priorité.
Pour nous, la seule obsession sera de faire et de changer cette réalité terrible à
laquelle nous n’avons pas le droit de nous habituer.
A nos yeux, la France est un grand pays. Un grand pays mobilise toutes ses forces
pour venir à bout d’un si grand fléau. Restaurer la France et la faire rayonner
passera par ce grand combat pour les droits des femmes.
Ce combat vital, nous le mènerons bien au-delà des mots, dans les actes.
Valérie Pécresse, Présidente de la Région Ile-de-France, candidate à l’élection
présidentielle
Aurélien Pradié, Député du Lot, Secrétaire Général Les Républicains
Et,
Les Députés et Sénateurs Les Républicains
